Au début des années 1960, l’Iran engage de vastes réformes économiques et sociales permettant à une nouvelle génération de femmes de s’émanciper. Les sphères qui leur étaient auparavant interdites s’ouvrent, les normes sociales évoluent, les lois s’assouplissent, et leurs qualifications sont reconnues. Mais la révolution de 1979 modifie cette émancipation nouvellement acquise. Beaucoup de femmes quittent alors le pays et celles qui restent replongent dans l’invisibilité.

A son arrivée en France en 2009, Ashkan Noroozkhani rencontre Vida Hajebi, militante et écrivaine iranienne engagée. Ils deviennent amis, et échangent sur le rôle des femmes dans l’évolution sociale et politique de l’Iran. Vida attire son attention sur quelques personnalités emblématiques. Ashkan réalise qu’il ne connaît pas les visages de ces figures féminines… Peut-être ont-ils été évincés des livres d’histoires ? Il décide alors de réparer cette injustice en photographiant Vida. Il voyage ainsi pendant trois années avec un appareil photo argentique datant des années 1960, dans le monde entier à la rencontre des autres femmes. Un véritable réseau se crée ; une rencontre en enchaînant une autre. Un corpus de trente-cinq portraits sont réunis dans un livre intitulé “Green-Blue then Grey”. Green-Blue (turquoise en français), est, selon le photographe, une couleur qui évoque le passé tandis que le gris renvoie au présent de cette génération de femmes.